Crève la taule !

En poussant la lourde porte du 56b, boulevard Jacques Cartier, nous sommes entrés dans l’ancienne prison des hommes de Rennes, le 18 mars 2022.

Le ciel était lumineux et le soleil dardait quelques rayons sur les murs de schiste rouge, parvenant à peine à diluer l’esprit lugubre du lieu.

La cour goudronnée que nous avons d’abord traversée est jonchée de coques de noix et de noisettes laissées, peut-être, par des oiseaux malins. Le bruit sec des coques écrasées résonne entre les murs.

Le transfert des derniers détenus a eu lieu il y a 12 ans. La prison a depuis été laissée en l’état. Mobiliers administratifs, matelas plastifiés, bouteilles en plastiques : objets dispersés en positions incongrues, sont les reliques d’un passé fonctionnel éteint.

Aujourd’hui, les portes sont ouvertes, l’air y circule, tout comme les pigeons par dizaines, qui froissent leurs ailes dans les hauteurs des coursives. Le lieu est habité et nous sentons des présences fantomatiques derrière les portes qui oscillent.

Le lieu est chargé du temps distendu de l’enfermement, l’air pèse lourd. Tout est touché par la gravité, les murs pèlent comme sur un corps trop exposé.

Sous la forme d’infimes signes ou de messages hurlés sur les plâtres rongés, les occupants ont marqué leur passage.

Projet réalisé avec Marc Loyon

www.marcloyon.com

Pushing open the heavy door of 56b, boulevard Jacques Cartier, we entered the former men’s prison in Rennes on 18 March 2022.

The sky was bright and the sun was shining on the red shale walls, barely diluting the gloomy spirit of the place.

The tarmac courtyard we first passed through is littered with walnut shells and hazelnuts left behind, perhaps by clever birds. The dry sound of crushed nuts echoes between the walls.

The last prisoners were transferred 12 years ago. The prison has since been left as it is. Administrative furniture, plastic mattresses, plastic bottles: objects scattered in incongruous positions are the relics of a functional past that has died out.

Today, the doors are open, the air circulates, as dozens of pigeons flutter their wings in the heights of the corridors. The place is inhabited and we feel ghostly presences behind the swinging doors.

The place is charged with the distended time of confinement, the air weighs heavily. Everything is affected by gravity, the walls crumble like a body that is too exposed.

In the form of tiny signs or messages shouted on the gnawed plaster, the occupants have marked their passage.

Project carried out with Marc Loyon

www.marcloyon.com